Et la structure peut naître: poteaux poutres tenons mortaises chevilles contreventements bras de force et tout

Et je tape et je scie et je tronçonne et je galère parce que j'ai froid aux mitaines; ah que je l'aime mon brasero et ses châtaignes qui grillent! Le bois est rond et tordu bien sur, il faut s'y reprendre à dix fois pour prendre ses mesures. Seulement voilà quand une pièce de bois rentre dans l'autre pièce de bois, que les deux plans se collent l'un à l'autre, la magie opère et nous donne le courage de s'attaquer à l'assemblage suivant.

10000000000000E3000001E0FB37357510000000000001E00000016810E98125On commence doucement, premiers poteaux, première poutre, assemblages tenons-mortaises chevillés avec contreventements. Les poteaux sont de petite section car destinés seulement à soutenir une partie du toit (10cm de diamètre). Les assemblages népalais (sections rondes sur fourches) permettent de supprimer aussi les entailles qui pourraient affaiblir ces poteaux.

Puis la structure évolue, se dessinant en fonction de nos nouvelles inspirations et des formes toujours plus magiques des troncs utilisés.

On choisit de poursuivre, pour tout ce qui est des poutres structurelles sur plusieurs étages, avec des assemblages cette fois fixés avec des tirefonds, car cela autorise des assemblages autre que le tenon mortaise, et la fourche népalaise. De plus, le bois n'étant pas sec, il continue de jouer lentement.

C'est rigolo d'ailleurs, un bois qui bouge en séchant, on dit qu'il joue ou qu'il travaille... Et nous alors, on fait quoi?!

On n'hésite pas à faire appel aux bonnes volontés alentours pour monter les poteaux et les poutres de bonne taille: Poteaux porteurs de la mezzanine, poutres de refend et pannes du toit (on choisit toujours des troncs de plus de 20cm de diamètre pour ces pièces, mais coupé en deux dans le sens de la hauteur pour garder l'inertie). On s'aide aussi de cordes, sangles, pied de biche, barres à mine, palans et tire-fort pour hisser les pièces de bois jusqu'à leurs encoches avec le maximum de sécurité. L'avantage de travailler dans une forêt, c'est qu'elle ne manque pas de points d'appuis.

Concernant les assemblages, la plupart sont réalisés à la tronçonneuse, de type mi-bois (entablures, avec ou sans épaulement), tirefonés. Là est toute la difficulté du bois rond, arriver à tailler deux encoches aux deux extrémités du tronc dans le même plan ou perpendiculairement est un beau défi à relever... On s'en sort avec l'aide de niveaux à bulle... Les bras de force ou contreventements sont eux assemblés en tenons-mortaises (avec embrèvement) sur les poteaux et les poutres. D'autres assemblages enfin sont facilités par des fourches naturelles au sommet des troncs, magie de la nature (assemblages dits de type népalais)...
poutre dans le vide
structure structure

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Autre petite astuce utilisée, qui nous apporte beaucoup de satisfaction, esthétiquement notamment: certaines des poutres ou des pannes sont en fait des troncs séparés en deux dans la longueur. On obtient ainsi deux pièces de bois symétriques, de même forme ce qui peut simplifier les choses, avec cette impression de vivre au coeur du bois, entre les deux parties du tronc, simplement écartées. Placées dans le sens verticale, elle garde une grande résistance tout en divisant leur poids par deux. Ces découpes sont faites sans guide, à la tronçonneuse et demandent un peu de persévérance...

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