Choix du terrain et « petit » nettoyage

Si l'on se promène dans la forêt à la recherche de quelques champignons, on peut parfois rencontrer des ptits gens rigolos qui veulent nous inviter chez eux pendant qu'on construit une première cabane. Ça ne se construit pas n'importe où une cabane, ça part forcément d'un coup de coeur... Et ce rocher alors, avec cet arbre bel et vieux qui pousse dans une fissure, surplombant le talus qui veille sur le sud au-dessus d'une petite mare, quel coup de coeur unanime!

Le lendemain on a déjà les sécateurs en main, et cisailles et tronçonneuses et gants de jardin antipics! On dégage du chaos ce petit coin de bonheur...

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Des matériaux locaux presque prêts à l'emploi

On se lance dans l'aventure, sans bien savoir où elle nous mènera... Notre choix est à priori clair. Partir sur une quinzaine de mètres carrés habitables en valorisant au maximum les matériaux trouvés sur place. On voudrait aussi en profiter pour tester des méthodes de construction différentes. Le bois; ici poussent entre autres le chêne, excellent compagnon de construction, le hêtre, un peu de châtaigner, et le douglas (ah oui, l'douglâ, nous diront les Creusois), tombé au sol lors de la tempête de 99 et laissé sur place depuis, sous un ramassis de branches, fougères et ronces en tous genres. La pierre est là aussi, majestueux granit, exploité et utilisé dans toutes les constructions locales (la cabane prend en fait place sur une ancienne petite carrière, en témoignent les traces de dynamite). La paille stockée dans les granges voisines. Et puis tout le reste, la terre, le sable, la mousse, l'eau du ruisseau, les ptits bâtons ramassés en pleine nuit, pour jouer et composer. Une liberté infinie...

Nous choisissons d'emblée, sur les conseils de notre ami Sam, d'oublier le douglas pour tout ce qui est structure, c'est habituellement un excellent bois, résistant et léger, mais les longues années passées au sol dans l'humidité l'ont rendu plus que douteux. On s'attaque donc au chêne avec grand plaisir. Les bois utilisés sont pour la plupart initialement sous forme de troncs couchés au sol par des grands vents. Certains intacts, qu'on écorce simplement avec une plane, d'autres un peu plus attaqués, auxquels on retire avec la même plane non seulement l'écorce mais aussi l'aubier, partie « jeune » du bois et de couleur plus claire, pour garder uniquement le duramen, noyau dur et résistant. Il faut aussi se résoudre à abattre certains arbres afin de compléter la structure, mais pas trop quand même, juste ceux qui menacent d'aller écraser les limaces.


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Dans la préparation des poteaux et des poutres, on prend aussi soin de déloger les petits habitants nuisibles à la pérennité de l'ouvrage, larves de capricornes, petits vers, gros vers, très gros vers... Si le duramen est attaqué, le bois est inutilisable, car il sera impossible par la suite de déloger les insectes avec des moyens doux. Les larves risquent alors de passer leur temps à ronger les poutres
pendant votre sommeil.

 


10000000000001D8000001E0AB366C59La pierre, elle, doit parfois être taillée. Cela peut effrayer mais quel plaisir de façonner un bloc de granit et de faire sauter progressivement les petits grains au burin et à la masse, comme ça, avec des tout ptits coups, pour essayer de lui donner la forme qu'on voudrait qu'il adopte.